PEINTURES: Caissons manga

Le manga est un art des frontières : entre le bien et le mal, entre art et kitsch et entre les continents. Et c’est aussi une discipline artistique qui a su – au cours des vingt dernières années – dépasser les frontières pour conquérir petit à petit, d’abord les chambres d’enfants, notamment grâce au « Club Dorothée » dans les années 80, pour devenir finalement un art à part entier. Au Japon, son pays d’origine, le manga est omniprésent ; il y est devenu bien plus qu’une simple bande dessinée : des instructions de sécurité dans les lieux publics, en passant par les fous esseulés qui partagent leur vie avec des figurines manga grandeur nature aux pornos les plus crus, tout passe par le manga.

Yoshitaka Amano, né en 1952, est un de ses ambassadeurs les plus influents et les plus protéiformes. D’abord, parce qu’il ne se limite pas seulement au support papier de la bande dessinée, mais parce qu’il exploite son talent aussi bien dans les dessins animés – les fameux « anime » – ou encore qu’il développe des caractères et des illustrations pour des jeux vidéos, comme la célèbre série « Final Fantasy ». Et puis, il sait aussi produire pour les galeries, où il est connu internationalement.

La raison de son succès pourrait aussi résider dans le fait qu’il ne s’est jamais fermé aux influences de l’extérieur et surtout occidentales – ce qui en somme est assez atypique pour la mentalité japonaise, qui reste toujours fière de son autarcie et de son isolement culturel, source de sa culture unique au monde.

Les tableaux que Yoshitaka Amano expose en ce moment à Luxembourg – ceci dit, il s’agit de sa troisième exposition dans la galerie Nosbaum & Reding – sont tous issus de son univers graphique et représentent exclusivement des figures issues de ses histoires de science-fiction. De taille assez élevée – presque plus que grandeur nature – des nymphes et des héros, des héroïnes en posture héroïque ou encore des tableaux de batailles intersidérales s’assemblent sur les murs de la galerie.

Certes, il manque l’histoire derrière ces visages et figures et on ignore si elles combattent pour le bien ou pour le mal, mais de l’autre côté, on sent que cette liberté a des effets bénéfiques sur les réalisations de Yoshitaka Amano. Car, ce sont en fait plus que des tableaux : peints sur des caissons en alluminium, certains détails prennent presque trois dimensions.

En bref, si les tableaux d’Yoshitaka Amano restent assez éloignés de ce qu’on peut trouver dans d’autres galeries contemporaines de nos jours – épigones pop-art mises à part – l’exposition reste intéressante et touchante, ne serait-ce que pour son aspect esthétique.

A la galerie Nosbaum & Reding, jusqu`au 8 janvier 2011.


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