Afin de gagner une impression visuelle de la ville de Luxembourg des années 50 et 60 du siècle dernier, il est intéressant d’aller voir les photographies du Luxembourgeois Edouard Kutter, exposées au « Ratskeller » du Cercle-Cité.
En 1963, Edouard Kutter avait repris l’atelier de photographie de son père, situé d’abord dans l’avenue de la liberté, puis dans la rue des Bains, où il l’avait rattaché à la galerie tenue par son épouse. Le titre de « Photographe de la Cour grand-ducale » a été conféré au portraitiste en 1966. Son oeuvre est également étalée et consignée dans un ouvrage de la série « Trésors de la Photothèque » et vaut donc celles des autres photographes connus et honorés du Luxembourg comme Pol Aschman, Théo Mey,
Marcel Schroeder et Tony Krier.
Les deux salles illuminées et spacieuses du Cercle-Cité ainsi que les cadres de grande simplicité réussissent à bien focaliser l’attention des visiteurs sur les photographies en noir et blanc. Au début du parcours de l’exposition, les spectateurs font connaissance avec les ancêtres de la famille grand-ducale. Le jeune Jean de Luxembourg et son épouse Joséphine-Charlotte de Belgique nous sont, par exemple, présentés lors de leur mariage en 53. Quelques pas plus loin, d’anciens modèles de voiture défilent sur la place du palais grand-ducal ainsi que sur le pont d’Adolphe. Sur un autre mur blanc, l’oeil attentif du visiteur se familiarise avec le travail des ouvriers à l’atelier « Paul Wurth » à Hollerich et à la laiterie « Luxlait » à Merl. Dans un coin encore, Kutter a ajusté sa caméra sur des détails. Il a photographié trois jeunes filles se baladant sur un pont au Pfaffenthal, mis en avant-plan les visages d’enfants jouant dans la rue et pris une photo du salon d’un coiffeur pour Messieurs à la rue Münster.
Ici, le photographe prend en compte la vie sociale au Luxembourg. Souvent, il apparaît comme témoin silencieux de la pauvreté du peuple. Les nuances de gris ainsi que les lignes claires et nettes des images peuvent manifester une certaine prise de distance à ce sujet, mais aussi un bon sens de la réalité.
Notons que Kutter utilise une gamme élargie de perspectives pour visualiser l’aspect pittoresque de la ville du Luxembourg. Il souligne sa belle architecture qui est aussi mise en valeur par sa nature abondante. Les bâtiments, comme la BCEE, ne peuvent surgir qu’à l’horizon et un passant ou des arbres du « Gronn », positionnés au premier plan, gagnent de l’importance. Aussi, le photographe nous offre des vues globales sur la vieille ville.
A l’aide du jeu d’ombres et d’angles, Kutter parvient également à créer des ambiances particulières de solitude et de mystère. Souvent, le bout du chemin se perd dans la brume du matin. Le regard du spectateur sombre dans l’obscurité ou fixe le dos d’un promeneur solitaire à destination inconnue. C’est un voyage dans le monde figé de jadis, imprégné par la nostalgie voire la mélancolie. D’ailleurs, il est possible d’amener ces souvenirs chez soi en commandant le tirage d’une photo.
Non seulement pour les touristes intéressés à l’histoire luxembourgeoise, mais aussi pour les habitants luxembourgeois, cette exposition peut être fascinante. Les photographies de Kutter leur permettent de passer en revue les endroits connus ou moins connus de la capitale et de se rendre compte de divers changements au cours des années. Le domaine de l’aéroport du Findel était, par exemple, beaucoup moins grand en 1963 qu’actuellement et les enfants jouaient encore à la balançoire tout près des pistes de vol. De la sorte, un tramway passait par la Grand-Rue et la vue d’une fontaine sur la place Guillaume II réjouissait la foule. Tous des choses que certains pourront découvrir pour la première fois et dont d’autres se rappelleront avec nostalgie.
Edouard Kutter : Lëtzebuerg ? Stad a Leit, jusqu’au 11 septembre au Cercle-Cité.
Das könnte Sie auch interessieren:
- Kunstausstellung „My Last Will“: Mein Wille geschehe
- Fotografieausstellung: Die Erde als Kugel und andere Realitäten
- Photographie : Alfredo Cunha au-delà de la révolution des Œillets
- Titus Schade in der Konschthal Esch: Wenn das Märchen vor der Haustür liegt
- Kunstausstellung „Phantom Limbs“: Das Abwesende in den Fokus nehmen