Des paysans cambodgiens viennent d’assigner en justice le groupe Bolloré, actionnaire, pour appropriation de leurs terres via Socfin-KCD.
Cette fois c’est pour de bon. L’audience renvoyée une première fois, en raison de l’absence des demandeurs (auxquels le consulat français avait refusé des visas) a finalement eu lieu hier au tribunal de grande instance de Nanterre. C’est ici qu’une délégation de neuf paysans cambodgiens de l’ethnie des Bunongs, accompagnée de leur avocat Fiodor Rilov, s’était rendue pour dénoncer dans leur assignation la perte de leurs « ressources économiques », la destruction de leurs « lieux de culte » ainsi que la « dégradation de leur environnement ».
Ils accusent la Socfin-KCD, coentreprise entre la holding Socfinasia, basée à Luxembourg et Kha Chuly, entreprise de construction cambodgienne, d’avoir illégalement accaparé 7.000 hectares – avec l’aval du gouvernement cambodgien et ce depuis 2008. L’ethnie des Bunongs, issue de la province du Mondolkiri, pratique une agriculture itinérante et cultive une vision animiste de la terre, sacralisant notamment les forêts. Ils dénoncent une destruction de leur culture. Ensemble, ils demandent que toute la lumière soit faite sur la responsabilité du groupe Bolloré dans ce qu’ils estiment être une spoliation, en demandant la restitution de leurs terres et des dédommagements. Bolloré, « actionnaire minoritaire » de la Socfin (à hauteur de 39 %), conteste toute responsabilité.
Afin de faire toute la lumière sur les nombreuses filiales de la nébuleuse Bolloré, l’avocat des Bunongs Fiodor Rilov a d’ailleurs demandé que soient rendus publics de nombreux documents qui lient le groupe à ses filiales. La holding luxembourgeoise Socfin possède des plantations de palmiers à huile et d’hévéas au Cambodge, via Socfin-KCD, ainsi que dans plusieurs pays africains et en Indonésie. Des traitements similaires par la multinationale sont rapportés depuis plusieurs années au sein de l’Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré réunissant des paysans d’Afrique et d’Asie. Le tribunal rendra sa décision le 8 novembre.
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