Élections législatives : DP et CSV misent sur le « six »

La campagne pour les législatives a officiellement débuté samedi 2 septembre. Depuis, les affiches fleurissent dans les rues et chaque parti essaie d’attirer l’attention médiatique. À droite de l’échiquier, Luc Frieden (CSV) et Xavier Bettel (DP) ont présenté leurs campagnes. Le style diffère, le fond moins.

Photo : woxx

Six affiches pour six slogans au CSV. Six affiches pour six slogans au DP. Si elles ne convergent pas sur tout, les campagnes électorales des deux grands partis de droite ont déjà cela en commun. Les libéraux placent la leur sous le slogan général de « No bei dir ». Les chrétiens-sociaux misent, pour leur part, sur « Zäit fir eng Nei Politik ». Et au CSV, la nouveauté est incarnée par Luc Frieden qui, à défaut d’être novice, veut convaincre qu’il a changé. Qu’il n’est plus celui qui avait claqué la porte de la Chambre des députés il y a dix ans, quand le CSV était envoyé dans l’opposition. Qu’il n’est plus cette personnalité politique réputée rigide, parfois arrogante, véhiculant l’image d’un « père la rigueur ».

C’est donc ce Luc Frieden relooké qui dévoile la campagne électorale du CSV aux médias, le vendredi 1er septembre, au siège du parti, à Luxembourg. Sans cravate, mais en costume et chemise bleue, il se livre à un stand-up qu’il veut détendu et pédagogique. Il présente les six priorités de son parti, en insistant sur le mot « nei », car il est, selon lui, temps de changer de politique, la coalition « Gambia » se consumant dans ses propres désaccords. Il y a d’abord la crise du logement, qu’il entend résoudre par la simplification administrative ou la fin des compensations environnementales dans les périmètres constructibles. Il veut surtout construire plus densément et plus haut. Soit à peu de chose près ce que le CSV proposait il y a 15 ans, quand la crise du logement devenait déjà une évidence. Luc Frieden promet plus de pouvoir d’achat, avec notamment une baisse de la fiscalité. Dans un clair marqueur de droite, il exclut un impôt sur la fortune. Dans une élection qui se joue avant tout au centre, le Spëtzekandidat du CSV affirme son attachement à l’index − mais comment dire le contraire à cinq semaines du scrutin ? Constatant qu’on lui reproche parfois de « parler trop d’économie », il juge « qu’il ne s’agit pas d’un mot tabou, car sans économie on ne vit pas ». « On a besoin d’une croissance non destructrice, inclusive et durable », dit-il en rappelant à maintes reprises son expérience à la tête de la Chambre de commerce ces dernières années.

Notablement mis en avant sur les affiches électorales, Luc Frieden assume cette personnification et se voit en « capitaine qui indique la direction ». Au petit jeu des projections, il se dit prêt à entrer en coalition avec les « trois partis du centre » (DP, LSAP et Déi Gréng), mais il exclut les extrêmes, renvoyant dos à dos ADR et Déi Lénk dans un amalgame pour le moins douteux. Il rejette aussi les pirates, dont il affirme ne pas comprendre les objectifs.

« Personne n’a le monopole du social »

Ambiance un brin plus solennelle ce mercredi 6 septembre sur la terrasse surplombante du restaurant L’Hêtre beim Musée, à Luxembourg, où le DP opte pour une présentation open-air de sa campagne. Pupitre et cravate pour Xavier Bettel qui décline, lui aussi, six priorités sur des affiches mettant en scène non pas le Spëtzekandidat, mais des gens ordinaires symbolisant le slogan « No bei dir ». Estimant s’appuyer sur un bilan positif – « on s’en est bien sortis face aux crises » −, le premier ministre se veut tourner vers l’avenir. Sur un ton offensif et parfois moralisateur, il fustige, sans les nommer, celles et ceux qui « veulent revenir sur les libertés acquises ces dix dernières années », les « y-a-qu’à », « les irréalistes et irresponsables » et affirme que « personne n’a le monopole du social ». Il mettra en œuvre la réforme fiscale qu’il n’a pas réalisée ces dix dernières années et, promis juré, ce sera même la première de ses priorités. Il est bien sûr pour le maintien de l’index, garant de la paix sociale. Se voulant homme du milieu, il récuse l’opposition entre salarié-es et entreprises : « Si les entreprises fonctionnent bien, ça profite aux citoyens, et quand les citoyens sont satisfaits, ça profite aux entreprises. » Favorable à une flexibilisation du temps de travail, il n’est pas opposé à sa réduction, à condition que cela ne vienne pas d’en haut, mais que ce soit négocié dans chaque entreprise. « Le DP est un parti libéral », martèle-t-il. À l’intention, sans doute, de ceux qui l’auraient oublié…


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