Nouveau gouvernement : Luc Frieden commence par raser gratis

Le CSV et le DP ont officiellement signé l’accord de coalition, jeudi 16 novembre. Le nouveau gouvernement, de 15 membres, s’appuie sur un programme négocié au pas de charge ces cinq dernières semaines. Il met en évidence la convergence de vues entre les deux partis, pour lesquels la croissance reste le graal absolu.

L’accord de coalition a été signé le 16 novembre au ministère d’État, devant un parterre de journalistes. (Photo : Fabien Grasser)

Une baisse d’impôt pour tout le monde dès janvier prochain ! Pourquoi bouder son plaisir quand on a une bonne nouvelle à annoncer ? Ce jeudi 16 novembre, Luc Frieden a débuté la présentation des grands points de l’accord de coalition en indiquant que le barème d’imposition sera adapté le 1er janvier à quatre tranches indiciaires. « Cela va améliorer le pouvoir d’achat », s’est réjoui le futur premier ministre chrétien-social. Une bonne manière d’insister sur le fait que le pouvoir d’achat et la lutte contre la pauvreté figurent parmi les priorités de son futur gouvernement. Ou encore de dire que l’austérité n’est pas à l’ordre du jour du programme de coalition. Quoi de mieux aussi pour saluer dans la bonne humeur la signature, quelques instants plus tôt, de l’accord de coalition qu’il a paraphé aux côtés de Xavier Bettel pour le DP et de Claude Wiseler pour le CSV ?

La cérémonie, qui s’est déroulée au ministère d’État en présence des médias, a mis un terme à cinq semaines de négociations entre le parti chrétien-social et le parti libéral, vainqueurs des législatives du 8 octobre. Une nouvelle fois, Luc Frieden a dit ce qu’il répète à satiété depuis des semaines : « Les discussions se sont déroulées de façon très constructive, sans que l’un essaie de prendre le dessus sur l’autre, c’est un travail commun. » Pour gouverner, il a choisi une équipe resserrée de quinze ministres (lire ci-contre), sans secrétaire d’État. Les attributions restent plutôt classiques, alors que, ces dernières semaines, les bruits de couloirs évoquaient des « superministères » aux compétences élargies, avec par exemple un ministère du Logement intégrant des prérogatives de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire. Pas de révolution copernicienne donc, le nouveau chef du gouvernement de droite plaidant pour un travail transversal accru entre ministères.

L’attribution du Logement à Claude Meisch, en parallèle à l’Éducation nationale, qu’il occupait déjà, suscite une première polémique, d’aucuns, à l’image du pirate Sven Clement, se demandant comment le ministre libéral pourra mener de front ces deux dossiers prioritaires, voire d’une urgence absolue concernant le logement. Luc Frieden a livré quelques pistes sur ce dernier point, essentiellement des mesures fiscales incitatives (dont une baisse d’impôts sur les plus-values) et d’allègement des procédures, notamment environnementales.

Proportionnalité pour l’environnement

En ce qui concerne précisément l’environnement et le climat, le nouveau chef de gouvernement promet « un changement de paradigme ». Pour Luc Frieden, il faut « de l’efficacité et de la proportionnalité dans la politique environnementale ». Il entend ainsi faciliter les procédures pour la construction d’éoliennes ainsi que de pistes cyclables et voit dans l’investissement massif dans le photovoltaïque (y compris pour les particuliers) la meilleure façon d’assurer la transition vers des énergies renouvelables, afin de lutter contre le changement climatique. Mais, a-t-il aussi dit, « nous voulons que la politique environnementale, très importante pour notre gouvernement, ne bloque pas la construction »… Autrement dit, il y a des priorités avant l’environnement. De façon générale, Luc Frieden, approuvé en cela par Xavier Bettel, entend mener une politique environnementale avec l’adhésion de la population et non contre elle.

Lorsqu’on lui pose à nouveau la question du financement de toutes ces mesures, notamment fiscales, Luc Frieden répète le mantra qui est le sien depuis la campagne électorale : « Si on veut une politique sociale et environnementale forte, il faut une activité économique forte, génératrice de croissance et donc de recettes fiscales. » L’économie est au centre de la stratégie, et le monde de l’entreprise est particulièrement choyé. Il pourra compter, là encore, sur des rabais fiscaux, mais aussi des mesures pour renforcer la compétitivité, en particulier de la place financière, afin de la rendre plus attractive que d’autres centres financiers… Autant dire que sur la place accordée à l’entreprise privée, la convergence de vues avec le DP et son représentant Xavier Bettel est totale. D’où un accord de coalition vite bouclé.


Cet article vous a plu ?
Nous offrons gratuitement nos articles avec leur regard résolument écologique, féministe et progressiste sur le monde. Sans pub ni offre premium ou paywall. Nous avons en effet la conviction que l’accès à l’information doit rester libre. Afin de pouvoir garantir qu’à l’avenir nos articles seront accessibles à quiconque s’y intéresse, nous avons besoin de votre soutien – à travers un abonnement ou un don : woxx.lu/support.

Hat Ihnen dieser Artikel gefallen?
Wir stellen unsere Artikel mit unserem einzigartigen, ökologischen, feministischen, gesellschaftskritischen und linkem Blick auf die Welt allen kostenlos zur Verfügung – ohne Werbung, ohne „Plus“-, „Premium“-Angebot oder eine Paywall. Denn wir sind der Meinung, dass der Zugang zu Informationen frei sein sollte. Um das auch in Zukunft gewährleisten zu können, benötigen wir Ihre Unterstützung; mit einem Abonnement oder einer Spende: woxx.lu/support.
Tagged .Speichere in deinen Favoriten diesen permalink.

Kommentare sind geschlossen.