Photographie : Ons Hémecht

Le Cape expose une série de clichés du photographe luxembourgeois Raymond Clement : une ode en images à l’Oesling.

Photo : Nuno Lucas da Costa

Intitulée « Lumière – structures – rythmes », l’expo nous emporte immédiatement dès l’entrée de l’espace culturel ettelbruckois à travers trois panneaux photographiques formant une splendide image panoramique des contrées du nord du pays. Nous sommes bien sûr en plein milieu de l’Oesling, et plus précisément dans le parc national de l’Our. Les plus attentifs reconnaîtront, dans un des angles de la composition photographique de Raymond Clement, le lac artificiel du barrage de l’Our, dont beaucoup apprennent l’existence seulement après avoir visité le château de Vianden. Il s’agit également d’une prise de vue contemporaine, puisqu’on y aperçoit des structures éoliennes implantées sur les plateaux. Mais le plus éclatant est sans nul doute l’aura brumeuse dégagée par le lever du soleil, caressant un lit cotonneux, qui n’est pas sans rappeler « Der Wanderer über dem Nebelmeer » de Caspar David Friedrich. Cet assemblage photographique vaut à lui seul le détour.

Les photos qui suivent nous plongent en plein milieu de l’Oesling, au cœur des parcs naturels de l’Our et de la Haute-Sûre, ainsi que du Mëllerdall. Il est clair que les photos sont une vraie déclaration d’amour de Raymond Clement à dame Nature et à cette partie du territoire du grand-duché. Pourtant, à ses débuts, le photographe luxembourgeois s’essaya à d’autres approches photographiques, notamment dans le milieu du jazz. Au Luxembourg, on ne le présente plus, même si, comme nous l’a confié un de ses proches, « il ne sait pas se mettre en valeur ». Néanmoins, avec un rythme très particulier et pour le moins apaisé, voire suspendu dans le cours normal du temps, une majorité des photos de Clement possèdent un dénominateur commun : celui des prises de vue crépusculaires. Tel un furtif sniper, le photographe semble frôler les limites de l’endurance afin d’attendre cet instant précis où il peut appuyer sur le déclencheur de son appareil et saisir ce moment de l’aurore où l’Oesling, dépourvu de toute âme humaine, n’appartient qu’à lui-même. Le photographe nous dévoile ainsi de façon quasi clandestine le mystère des paysages situés au nord du Guttland.

Il faut dire aussi que « Lumière – structures – rythmes » est une expo dans laquelle les quatre saisons de l’année se côtoient, même si l’on retiendra surtout les plus ensoleillées. De plus, Raymond Clement ne photographie pas que l’aspect végétal de dame Nature : son objectif en capte également les composantes animales. Sous le regard de l’artiste, certaines petites bêtes qui normalement provoqueraient de la répulsion chez des âmes urbaines se transforment ici en êtres beaux et dociles. L’expo affiche ainsi toute une panoplie de remèdes visuels pour les citadins et citadines qui étouffent sous le folklore quotidien des zones bétonnées.

Même si la nature n’a pas de nationalité, les images de Raymond Clement feront résonner certaines strophes de l’hymne national en vantant les charmes naturels du pays. Mêlant « nation branding » et « nature branding », l’expo est une belle invitation à (re)programmer la saison estivale du visiteur et de la visiteuse. Avec l’actuelle météo généreuse, elle les conviera à cheminer insouciamment sur les petites routes du nord du pays… sans masque ni toute la panoplie actuelle de tests sanitaires.

Jusqu’au 26 juin au Centre des arts pluriels Ettelbruck.

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