Avec l’exposition « Hard Truths », le Cercle Cité s’associe avec la Foundation for the Exhibition of Photography et le « New York Times » pour un regard sans fard sur le monde – mais aussi sans réflexion.
En entrant au Cercle Cité, vous ne manquerez pas d’avoir encore quelques effluves de vin chaud, de « mettwurscht » et autres spécialités dans le nez, et la musique de Noël vous donnera sûrement envie de vous boucher les oreilles avec de la cire. Pourtant, l’exposition « Hard Truths » est tout sauf festive et devrait rappeler que sur cette planète, il y a des endroits où le shopping n’est pas tout et où les préoccupations ne sont pas toutes liées au dîner du réveillon.
Avec Daniel Berehulak, Ivor Prickett, Meridith Kohut, Newsha Tavakolian et Tomas Munita, les calibres choisis sont gros. Tou-te-s sont des photographes aguerri-e-s, et déjà primé-e-s pour la plupart – dont un Pulitzer. Et ce sont d’ailleurs les photos de Daniel Berehulak, à qui ce prix a été attribué en 2017, qui font le plus d’effet sur l’œil du public. Spécialisé dans la couverture du narcotrafic, le photographe a sillonné les Philippines pour documenter la violence insensée déclenchée par la guerre contre la drogue du président Rodrigo Duterte – qui a fait des consommateurs-trices comme des dealers de la chair à abattre. Daniel Berehulak montre ces chairs sans compromis : des corps gisant dans les ruelles de la mégalopole Manille, des enfants pleurant sur le cercueil encore ouvert d’un de leurs proches ou encore des employé-e-s d’un restaurant qui regardent d’un œil torve passer une civière avec une nouvelle victime. On y voit une certaine lassitude, mêlée à l’angoisse de devenir le prochain corps inerte transporté sous une bâche blanche.
Les travaux de Newsha Tavakolian et Tomas Munita sont moins spectaculaires, mais tout aussi poignants. La première montre une série extraordinaire d’habitant-e-s de la ville de Téhéran, pendant les récents événements comme le retrait américain de l’accord sur le nucléaire. Ici aussi, lassitude et inquiétude alternent dans les visages des femmes et hommes souvent photographié-e-s dans des situations privées. Munita montre par contre les gens de la rue à Cuba, à l’annonce de la mort de Fidel Castro. L’espoir d’un avenir meilleur se mêle ici à une certaine tristesse et une certaine nostalgie. Même si le régime castriste n’a pas – de loin – tenu toutes ses promesses révolutionnaires, le vent de l’histoire n’est pas sans laisser des marques d’affection profondes dans la grande île des Caraïbes.
Dans le registre de l’Amérique du Sud, c’est Meridith Kohut qui a rapporté des clichés extraordinaires de Caracas et d’autres villes vénézuéliennes, en proie à l’insurrection contre ce qui reste du chavisme et du régime d’opérette de Nicolas Maduro. Une collection impressionnante d’instantanés où la révolte part en flammes littéralement, et où la répression est imprimée sur les visages.
Finalement, Ivor Prickett montre une série d’images prises pendant et après la bataille sanglante pour Mossoul en Irak. Prise d’assaut par les djihadistes terroristes de Daech quelques années plus tôt, la ville chiite est aujourd’hui en ruines. Au milieu de ses marchés et bazars millénaires, des cadavres et des détritus jonchent les rues – laissant les habitant-e-s dans le désarroi profond de celles et de ceux qui ont tout perdu.
Si déjà l’opposition entre le glamour supposé de clichés « New York Times » et les contenus de « Hard Truths » peut poser problème, on regrettera surtout que l’exposition ne touche pas à une autre question existentielle de notre époque : celle de la valeur des images dans notre époque « post-truth ». Pour une expo qui se réclame de la vérité dure, ce n’est pas très profond.
Jusqu’au 27 janvier 2019 au Cercle Cité.
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