Réunir une classe d’accueil et des jeunes du Burkina Faso pour une soirée de théâtre pas comme les autres, tel est le défi relevé par les ONG SOS Faim et ASTM, avec la troupe burkinabè Arcan.
Tout est encore calme au deuxième étage du bâtiment principal de l’abbaye de Neumünster. Des gens s’affairent à dresser des tables pour une petite trentaine de personnes, qui vont bientôt casser la croûte ensemble – sans bien (encore) se connaître. Il s’agit d’un côté de jeunes issu-e-s de la classe d’accueil du lycée technique de Bonnevoie (LTB), de l’autre de jeunes Burkinabè : ensemble, ils répètent une pièce, « Le rêve d’un monde ailleurs », plutôt composé de deux pièces d’ailleurs. L’une a été répétée par les élèves du Luxembourg, l’autre au Burkina Faso. « Il s’agit de deux projets à part », explique la pédagogue de théâtre, metteuse en scène et actrice Milla Trausch, qui travaille au LTB, avant de poursuivre : « Mais nous faisons de la coordination entre les deux parties pour mieux les enchaîner. La vraie rencontre a de toute façon lieu en coulisses. » Trausch, qui a mis beaucoup d’énergie à former un groupe homogène avec ces jeunes issu-e-s de communautés très diverses, où l’on retrouve des lusophones, des Chinois-es, des Indien-n-e-s entre autres, est satisfaite du résultat : « J’ai travaillé de façon biographique avec les élèves. En leur posant des questions sur leurs émotions quand ils ont dû quitter leur pays, ce qui leur manque ou encore ce qui les a marqués à leur arrivée au grand-duché. La pièce est née sur la base du dialogue. »
Une thématique aussi bien exploitée par Germain Ouedraogo de la troupe de théâtre-action Arcan, pour qui c’est déjà la deuxième collaboration avec les ONG ASTM et SOS Faim autour d’un projet théâtral (le premier partenariat a eu lieu en 2015) : « Nous nous sommes intéressés aux chemins de l’exil, et surtout aux raisons qui poussent les gens à partir pour chercher une vie meilleure. Il y a tant de différentes formes d’exil, et nous avons voulu représenter leur diversité. Ainsi, nous couvrons des raisons qui peuvent toucher au changement climatique, qui force de plus en plus de personnes issues du monde rural à quitter leurs terres. Mais le terrorisme, avec l’insécurité qu’il provoque, est aussi un enjeu », raconte-t-il.
La mise en scène est rendue plus fluide grâce à la présence du danseur et musicien Sada Diagné – un professionnel qui partage également le chemin de l’exil avec ses jeunes coéquipiers-ères. Ce qui a d’ailleurs mené à un petit malentendu au moment où le projet a été lancé : « Au début, les gamins pensaient qu’ils allaient se construire des djembés pour ne faire que de la musique », se souvient Anna Rizzi, la régente de la classe d’accueil au LTB. « Quand ils ont appris qu’il y aurait aussi du théâtre, il y a eu quelques réticences. Mais finalement, celles-ci ont aussi pu être surmontées. »
Pour découvrir donc un vrai travail collectif et pour sortir des discours souvent très abstraits et politisés sur les thèmes de la migration, il va falloir réserver ce vendredi soir pour aller voir « Le rêve d’un monde ailleurs » !
Ce vendredi à 19h30, à Neimënster.
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