Depuis une dizaine d’années, le nom de la banque Kaupthing hante la justice luxembourgeoise. Finalement, après la clôture de l’instruction par le tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le parquet demandera soit un non-lieu, soit le renvoi devant une juridiction de fond.
Emblématique de la crise financière islandaise de 2008, l’histoire de la banque Kaupthing a aussi un volet luxembourgeois. Celle-ci avait depuis 1998 une succursale au grand-duché, quand le scandale éclate en 2008 et que le gouvernement islandais reprend la main en la nationalisant, en même temps que la Landsbanki.
En 2010, alors que l’Islande a résolu sa crise en confiant à des mains publiques de larges pans du secteur financier et en mettant derrière les barreaux certains des managers de la Kaupthing, dont l’ex-chef de la branche luxembourgeoise – qui a écopé de quatre ans et demi de prison ferme –, la CSSF s’active pour dénoncer des agissements au parquet concernant la banque Kaupthing et la Lindsor Holding Corporation.
L’ombre de Mossack Fonseca
Et là, surprise : cette holding apparaît dans les Panama Papers. Constituée aux Îles Vierges britanniques en 2008, elle est dissoute en 2011 – les intermédiaires listés sont le cabinet Mossack Fonseca au Panama et la banque Havilland au Luxembourg, cette dernière étant née du rachat par la famille britannique Rowland, propriétaire de Blackfish Capital à Guernesey, de la filiale luxembourgeoise de la banque Kaupthing. À l’époque du rachat, en 2009, il s’agissait surtout de calmer les milliers d’épargnant-e-s qui avaient misé sur les produits financiers islandais. Des produits que Kaupthing avait commercialisés agressivement sous le nom de Kaupthing Edge à partir de début 2008 et qui permettaient des dépôts aussi peu bureaucratiques que discrets.
Bref, il aura fallu une dizaine d’années à la justice luxembourgeoise, aidée par la police judiciaire et en collaboration avec les autorités islandaises, pour clôturer le dossier d’instruction. Le parquet, dans un communiqué envoyé à la presse, parle d’une « affaire [qui] s’est avérée être hautement complexe avec un volet islandais et un volet national ». Finalement, quatre personnes ont été inculpées par la justice luxembourgeoise. Reste donc à voir dans quelle direction le parquet voudra orienter la suite de cette affaire interminable.