À l’instar de la majorité des musées de France, le Centre Pompidou-Metz rouvre ses portes. Une dernière opportunité de voir « Aerodream », une expo revivaliste qui nous plonge dans l’aventure des gonflables.

Tubes, montgolfières, ballons, sondes – l’expo « Aerodream » réunit des objets gonflables. (Photo : Nuno Lucas da Costa)
À l’entrée, le public sera quelque peu perplexe : s’attendant à des structures gonflables proportionnelles aux hauts espaces du Centre Pompidou messin, il sera accueilli par six tubes, certes gonflables, mais ressemblant plus à de vulgaires ustensiles de contraception de grande taille pour la gente masculine. Néanmoins, il s’agit tout simplement d’une œuvre collective des italiens Gruppo T intitulé, « Grande oggetto pneumatico », qui mettait en scène sept gigantesques tubes de plastique gonflables aux volumes variables, présentés à la galerie Pater à Milan lors de l’exposition « Miriorama 1 » en 1960. Le ton artistique est ainsi donné et la visite prendra une tournure non dépourvue d’intérêt. En crescendo, l’histoire du gonflable depuis sa genèse jusqu’à nos jours, et tout particulièrement dans les années 1960 sera évoquée de façon ludique.
À l’origine, « Aerodream. Architecture, design et structures gonflables » prétend explorer le rêve intemporel de l’homme de voler. Après les dessins de Léonard de Vinci du 15e siècle, le rêve de décoller les pieds de la surface terrestre finira par se matérialiser vers la fin du 18e siècle avec les premiers vols des montgolfières. L’humanité comprend ainsi qu’à travers une bulle d’air, elle pourra s’élever vers les cieux. Documents, photos, maquettes et toutes sortes de créations à l’appui, nous assisterons au développement et à l’exploitation d’autres formes du gonflable. Nous verrons ainsi non seulement des dirigeables du 19e, mais également les précitées montgolfières, des ballons, des sondes ou encore d’autres artefacts à usage militaire, industriel et domestique. Le point d’orgue sera atteint pendant les années 1960 qui sont également la décennie de la conquête spatiale. Pendant cette période, on assistera à toute une ébullition de créations artistiques et architecturales. L’une des salles de la galerie 2 nous plonge par moments dans les trente glorieuses ou encore dans les années où l’on promouvait le rêve américain, le tout agrémenté d’une touche « arty » digne de la Factory d’Andy Warhol. À la fin de cette créative décennie, l’histoire des gonflables est marquée par l’exposition universelle d’Osaka de 1970. Ici le gigantesque pavillon gonflable abritant une salle de cinéma du japonais Yutaka Murata restera indéniablement dans les annales de l’architecture contemporaine tout court. L’industrie du gonflable finira par perdre son élan en 1973 avec la crise du choc pétrolier et refera timidement surface à partir des années 2000. Plus récemment et en 2013, le monde s’étonna devant la première salle de spectacle gonflable et mobile imaginée par le Britannique Anish Kapoor destinée à réactiver la vie culturelle de plusieurs villes japonaises ravagées par le tsunami de 2011.
Même si l’expo se termine avec une note contemporaine et avec quelques références à l’aspect écologique lié au développement des structures gonflables, on reste un peu sur sa faim concernant la touche environnementale. Néanmoins, l’intention y est affichée avec l’exemplification de quelques projets tels qu’un pont trampoline pour traverser la Seine. Finalement, « Aerodream » est, certes, un spectacle sans montgolfière en grandeur nature ou encore sans la réplique de l’ « Ark Nova » d’Anish Kapoor, mais à travers son approche historique, scientifique et ludique, tout en livrant une avalanche d’informations aux multiples supports, l’expo ne court aucunement le risque de gonfler le visiteur et la visiteuse.