C’est fait : la politique aura eu raison des deux coordinateurs de la capitale culturelle Esch 2022. Alors qu’on avait promis à la presse la présentation d’un nouvel organigramme, la conférence n’a été rien d’autre qu’un exercice d’enfumage.
« Ce que je suis content que ce soit terminé » : le témoignage d’Andreas Wagner était sans appel. Lui et sa collègue Janina Strötgen venaient de sortir d’un dernier entretien avec les responsables de l’asbl (dont le bourgmestre eschois Georges Mischo est le président et qui compte parmi ses rangs ses collègues Dan Biancalana et Roberto Traversini). En moins d’une minute, on leur avait signifié qu’on n’allait pas reconduire leurs contrats (des CDD, ce qui de toute façon ne correspond pas aux critères du jury européen, ce pour quoi Strötgen et Wagner se font d’ailleurs assister juridiquement) et qu’ils seraient donc sans travail à partir du 30 juin.
Et ce après qu’ils avaient refusé les nouveaux postes que le conseil d’administration leur avait proposés. Il faut dire que l’offre était un comble de la perfidie : Janina Strötgen aurait dû prendre le poste d’attachée de presse, alors qu’Andreas Wagner se serait vu confier celui de directeur artistique – le poste en fait prévu pour sa collègue. Visiblement, le conseil d’administration voulait monter les deux coordinateurs l’un contre l’autre. Et à la perfidie s’ajoute la misogynie, puisque ce serait Janina Strötgen qui aurait vu la plus grande dépréciation de son travail.
À la perfidie s’ajoute la misogynie
Un argument que Georges Mischo n’a pas visiblement pas apprécié : « Elle aurait été le visage de toute l’année culturelle aussi bien au national qu’à l’international », a-t-il rétorqué. Sauf que le poste de directrice artistique et celui d’attachée de presse, ce n’est définitivement pas la même chose. Pas étonnant donc que les deux aient refusé de jouer ce jeu.
Sinon, la conférence de presse de ce jeudi matin a surtout été d’une pénibilité embarrassante. Alors que l’invitation à la presse mentionnait la « présentation du nouvel organigramme opérationnel », il n’en a rien été. À notre question de savoir quand cet organigramme serait présenté, les membres du conseil d’administration ont répondu que vers la mi-juillet, des annonces seraient publiées dans les journaux pour chercher les nouveaux directeur/trices administratif/ve, financier/ère et artistique et qu’on envisagerait de mettre en place la nouvelle équipe pour l’automne. On leur souhaite bonne chance, vu que c’est aussi en automne que le jury viendra inspecter l’avancée du projet.
Et c’est justement là où le bât blesse : cette double démission va forcément créer un vide organisationnel difficile à combler. Certes, les membres du conseil d’administration ont tenté de rassurer en mentionnant combien ils travaillaient, combien ils étaient motivés, etc. Mais sans rien donner de concret : profils recherchés pour la nouvelle équipe ? À découvrir dans les journaux. Le travail à faire dans en attendant ? Aucune précision. Le seul élément tangible a été la réponse de Georges Mischo à la question d’une journaliste qui voulait savoir si le conseil d’administration comptait éviter de mettre des personnes encartées politiquement à la nouvelle direction : « Nous cherchons à l’éviter. » Ça promet.