Annoncés sur les réseaux sociaux et repérés par quelques confrères de la presse, les gilets jaunes ont donc fait leur première apparition au Luxembourg ce lundi. Le woxx est allé à leur rencontre.
Sous la grisaille du ciel qui ne trouve son égale que dans celle des bâtiments qu’égrène l’avenue Kennedy au Kirchberg, difficile d’identifier les gilets jaunes français partis à l’assaut du grand-duché ce lundi matin. Car des personnes portant des gilets, on en voit à tous les coins de rue dans ce quartier qui depuis des décennies produit chantier sur chantier – croissance et prépondérance des promoteurs immobiliers dans la politique locale obligent.
C’est grâce à un live sur Facebook posté devant l’enseigne d’E&Y (un des Big Four) qu’on les localise enfin. Ils ne sont qu’une poignée, ce qui n’enlève pourtant rien à leur motivation : « Aujourd’hui on est quatre, demain on pourrait être 40, et plus tard 400 », explique avec motivation Michaël, qui manifeste depuis début décembre avec les gilets jaunes, et qui a fait – avec son père Patrice – tout le chemin de sa ville d’origine (Mende dans le département de la Lozère), jusqu’au Luxembourg. Actuellement en congé de son boulot de charpentier, Michaël reste optimiste : « Nous allons rester d’abord une semaine. On a trouvé une personne, un Luxembourgeois, qui nous hébergera, et on partira à la rencontre des gens ici pour parler de ce qui nous motive. »
Ce qui a été une grogne contre la hausse des prix du carburant vient de prendre une dimension insurrectionnelle en France, mais aussi en Belgique et dans d’autres pays limitrophes. Ce qui a amené les gilets jaunes ici, c’est la fraude fiscale qui – par le biais de la prétendue « optimisation fiscale » – passe aussi par le grand-duché. « C’est ici que ça se passe », estime Michaël. « Ce sont des milliards d’euros cachés dans des banques et des institutions qui sont dus aux gens, et pas aux plus riches. »
Pacifistes, comme ils l’ont marqué au feutre sur leurs gilets, ils se démarquent des casseurs et « d’autres personnes qui ne veulent que récupérer notre mouvement. Ce qui nous intéresse, c’est une révolution qui pour le moment peut tout à fait être pacifique. Mais il faut que les gens se réveillent et qu’ils revendiquent leurs droits – nos politiques sont dans la poche du patronat et ne représentent plus le peuple. Il faut que ça change ».
Reste à savoir si le mouvement peut prendre racine et de l’ampleur au grand-duché. Pour l’instant, les forces de l’ordre n’ont pas pointé leur nez au Kirchberg, mais sont informées. Et les médias traditionnels n’ont pas hésité à mettre en avant la taille minuscule de la mobilisation, exposant nos quatre gilets à la vindicte du badaud luxembourgeois, qui est certes leur cible, mais dont ils savent d’avance que la solidarité avec nos voisins n’est décidément pas le point fort.