Hôtel des postes : Pas le luxe, mais le lifestyle

Ce mardi, le directeur général de Post Luxembourg, Claude Strasser, et le PDG d’Artea, Philippe Baudry, ont dévoilé leurs projets pour la future utilisation de l’Hôtel des postes. Celle-ci avait été vivement discutée, même à la tribune de la Chambre.

Illustration : Post Luxembourg

Certaines informations qui circulaient au début laissaient craindre le pire : Post se séparerait simplement du bâtiment emblématique pour le céder à un groupe hôtelier de luxe. Si la vente du bâtiment a vite été démentie, l’utilisation comme hôtel de luxe est restée d’actualité – surtout parce que la bourgmestre de la Ville de Luxembourg s’est mêlée de l’affaire et a rappelé à l’ordre la société de droit public.

Il n’y aura donc pas d’hôtel de luxe en face du complexe Aldringen, mais bien un ensemble à usage mixte « ouvert au public » et qui comportera quand même un hôtel, mais estampillé « lifestyle ». La différence : « Il n’y aura personne à l’entrée qui fera barrage », a expliqué Philippe Baudry à la presse ; chacun-e pourra pousser la porte d’entrée principale pour se retrouver dans un espace complètement ouvert au public. L’hôtel se trouvera aux premier et deuxième étages et pourrait comporter jusqu’à 85 chambres. Le rez-de-chaussée accueillerait un restaurant, un bar et des commerces. Le sous-sol devrait abriter un centre de remise en forme, alors qu’au dernier étage serait installé un espace de coworking, donc de bureaux loués à court et moyen terme, avec des salles de réunion communes, très en vogue à Luxembourg – du moins jusqu’à la crise de la Covid-19.

Illustration : Post Luxembourg

Les personnes qui pénétreront dans le bâtiment pourront découvrir une cour intérieure remise en son état initial, alors que les lourds de travaux de transformation entrepris depuis les années 1950 l’avaient fait disparaître. Si l’entrée y sera gratuite, les services vont se payer au prix fort : rien que la remise en état du bâtiment est évaluée par le promoteur – une société créée spécialement par Post (51 %) et Artea (49 %) – à 50 millions d’euros, qu’il faudra bien rentabiliser.

Contrairement à ce qui avait été revendiqué par certain-e-s représentant-e-s de la société civile, les locaux ne deviendront donc pas complètement publics et ne seront pas en partie réservés à des logements à coût abordable, comme on aurait pu l’espérer pour un bâtiment public ne correspondant plus aux besoins de son affectation initiale.

Photo: Post Luxembourg

La bourgmestre Lydie Polfer est tellement satisfaite du projet qu’elle a participé à la présentation dans ce qui reste de la cour intérieure du bâtiment. Elle se dit « très heureuse », car la Ville aurait besoin d’un hôtel de ce type et de cette envergure. À notre question de savoir s’il n’y aurait pas lieu de prévoir aussi des logements, le directeur de Post a indiqué des problèmes de faisabilité, et la bourgmestre a rappelé qu’un hôtel est aussi du logement…

Les exemples de réaffectations de centres postaux sont nombreux. Celui de Luxembourg semble s’inspirer de celui de Gand, qui a aussi accueilli un hôtel. D’ailleurs, la conceptrice du projet belge, Geraldine Dohogne, a été recrutée par Post/Artea pour réaliser le projet luxembourgeois.

Un peu plus loin, à Ostende, l’ancienne poste accueille aujourd’hui un centre culturel « participatif » avec des expositions, des animations et des événements très variés, dont les artistes qui y ont trouvé refuge sont en partie à l’origine.

Illustration : Post Luxembourg

Une telle affectation aurait pu se justifier aussi pour l’Hôtel des postes au centre-ville : une expo « pop-up » vient d’être inaugurée dans la salle des guichets, après que ces lieux n’ont pas été utilisés depuis plus d’un an. Mais il est vrai que les arts et les artistes ne pourront pas garantir des revenus suffisants pour rentabiliser l’entreprise de rénovation. Pas plus que des services publics comme la poste elle-même, qui ne semble pas avoir envie de retourner dans ses propres locaux… alors que cela garantirait le passage régulier et quotidien des petites gens qui viennent y régler leur facture d’électricité ou retirer leur pension. Mais eux et elles ne semblent pas assez riches pour s’offrir le lifestyle du 21e siècle.

 


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