Le Luxembourg arrive en tête des pays où le taux de risque de pauvreté parmi les personnes qui travaillent est le plus élevé.
Au Luxembourg, « la répartition des richesses se développe en faveur des ménages les plus aisés ». Cette tendance, le tout dernier « Panorama social » de la Chambre des salariés (CSL) vient la confirmer une nouvelle fois, alors que l’écart entre revenus continue à se creuser au fil de rythmes de croissance inégaux entre bas et hauts salaires. Une évolution qu’on remarque également au niveau du pouvoir d’achat, qui a progressé de seulement 2,3 % pour les bas salaires contre 8,1 % pour les hauts salaires. En deux ans, la part du revenu national perçue par les ménages les mieux nantis a ainsi augmenté de 25 %, tandis que le risque de pauvreté progresse également – et que les transferts sociaux, qui ont amorti les inégalités pendant les années 2010 à 2013, perdent en efficacité.
Alors qui sont les personnes les plus exposées au risque de pauvreté ? En premier lieu, les ménages avec enfants et les adultes sans enfants à charge. Dans la catégorie des ménages monoparentaux, le « taux tristement élevé » de personnes exposées au risque de pauvreté est un des pires de la zone euro (46,2 %), derrière la Lituanie.
Comparé à la moyenne européenne et même à ses voisins, le Luxembourg est le pays où les charges financières liées au logement sont les plus lourdes. Avec des disparités « fortes » (33% de différence !) entre les ménages considérés comme « pauvres » (64 %) et les autres (31 %), le Luxembourg se classe à la troisième place au sein de la zone euro. Pour un logement locatif, un ménage dépense en moyenne un tiers de son revenu. En presque 20 ans, le nombre de ménages n’arrivant pas à joindre les deux bouts a ainsi carrément doublé. Quant au risque de pauvreté, les propriétaires d’un logement n’en sont désormais plus exclus.
Les femmes à temps partiel
Pourtant, tout le monde ou presque travaille et gagne de l’argent : le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis 2013 et stable depuis 2017. Mais parmi les demandeurs ou demandeuses d’emploi, la part de chômeurs-euses de longue durée (88 %) est écrasante, comparée à celle des autres chômeurs-euses (36 %). Le Luxembourg embauche (3 % de créations d’emploi contre 0,6 % en zone euro), mais l’emploi temporaire s’y est « considérablement » développé, surtout auprès des jeunes de moins de 25 ans (41,5 %). À cela s’ajoute un taux « relativement » élevé d’emplois à temps partiel (19,6 % contre 18,2 % en France et 26,9 % en Allemagne). Un taux par ailleurs très féminin : le nombre de femmes comparé à celui des hommes en temps partiel ayant doublé en dix ans.
Tout cela fait qu’au Luxembourg, le risque de pauvreté au travail est aujourd’hui le plus élevé de la zone euro. Parallèlement à cette évolution, la qualité de l’emploi se détériore et les effets négatifs (psychosociaux notamment : charge mentale, travail dans l’urgence, mobbing, etc.) sont en hausse, en même temps que la participation et l’autonomie dans les entreprises sont en baisse. Tout comme la satisfaction avec les rémunérations, même si des possibilités de promotion et d’avancement existent et que la sécurité de l’emploi est estimée « positive ». La difficulté à concilier vies professionnelle et privée reste à un niveau élevé et a encore progressé.