Peinture : United Colors

La Ruth Gallery du Casino 2000 présente encore les deux prochains weekends « The Power of Color » d’Alexandre Elenga : une exposition littéralement coloriée autour des préjugés sur la couleur de peau.

Photo : Nuno Lucas da Costa

S’il y a bien une expo qui nous imprime de la bonne humeur solaire en pleine « silly season » aoûtienne, la réponse se trouve du côté de Mondorf-les-Bains. Le jeune artiste Alexandre Elenga, né en 1997 à Brazzaville, mais vivant et travaillant à Persan (France), y orchestre une symphonie de couleurs éclatantes tout en dépeignant un sujet sérieux : celui des discriminations liées à la couleur de peau. Depuis que l’homme blanc décida de se mêler aux latitudes subsahariennes pour y extorquer des richesses et surtout entreprendre l’une des plus grandes aberrations de l’histoire de l’humanité, celle de la traite négrière, il n’a cessé de piétiner le destin de l’homme noir. Néanmoins, le jeune Alexandre Elenga se présente au public en mode fair-play et aucunement revanchard. Les quatorze peintures du jeune artiste congolais nous contaminent avec cette africanité imprégnée d’allégresse capable de surmonter les pires désarrois. La preuve la plus éclatante nous est transmise à travers le tableau « Marronnage (fuite d’esclave) », qui met en scène un individu exploité se libérant de ses chaînes, le tout orné de couleurs printanières insistant non sur les exactions subies par cet être humain, mais plutôt sur l’avènement d’un nouveau départ et d’une nouvelle vie. En interview, visible dans les locaux de l’exposition, Alexandre Elenga nous invite tous à « faire notre propre marronnage face à notre condition d’esclaves de la société ».

L’approche d’Elenga, jeune artiste en devenir, est moderne. Toutes ses peintures révèlent déjà une marque de fabrique qui lui est très propre, c’est-à-dire celle d’attribuer des couleurs primaires aux différentes composantes de l’anatomie humaine. L’artiste cherche ainsi à brouiller les pistes et à flouter la partie raciale des sujets. L’artiste met également en évidence la femme sous divers angles, en évoquant la maternité ou tout simplement la beauté féminine. À titre d’exemple, avec le tableau « Black or White », l’artiste nous oblige à comprendre que questionner la beauté sous le prisme de la couleur est tout simplement une attitude insensée. Elenga ne nous fait aucunement la morale : son message est rassembleur et fraternel, nullement victimaire. Prônant « l’être humain 2.0 », il met surtout en valeur l’essence humaine et l’être humain en tant que tel, qui doit cependant aujourd’hui encore se confronter à des préjugés aussi sots que ceux liés à la couleur de peau. C’est sans doute pour cela que certaines figures des tableaux portent des gants de boxe, nécessaires à ce combat quotidien.

Ce mépris racial est vite mis de côté lorsqu’il s’agit de conclure des affaires juteuses et douteuses avec des chefs d’État à l’éthique encore plus douteuse, ou lorsqu’il s’agit de faire appel à de la main-d’œuvre pour exécuter les basses besognes ou encore pour accomplir toutes sortes d’exploits sportifs. On pense bien sûr aux tout récents Jeux olympiques de Tokyo et aux athlètes d’origine africaine qui remportèrent des médailles pour des nations occidentales chantant fièrement leurs hymnes nationaux. Pour celles et ceux qui confondent toujours facteur social avec facteur racial, et pour rester dans l’univers de la peinture, Picasso conseillait : « Ne contredis jamais un con. Si tu attends un peu, il le fera de lui-même ».

Jusqu’au 22 août à la Ruth Gallery du Casino 2000.

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