Tag antisémite : Sortir de la zone de confort

La lenteur à condamner le tag antisémite du 25 juin révèle les difficultés de la société luxembourgeoise à tirer les leçons du passé.

Tendre la main : lors de la Journée européenne du patrimoine juif à Mondorf-les-Bains, le 2 septembre dernier. (Facebook)

Mardi, dans un communiqué à la presse, les associations Comité Auschwitz Luxembourg, Frënn vum Resistenzmuseé, Memoshoah, Témoins de la 2e Génération et le Musée national de la Résistance ont pris position par rapport au tag antisémite découvert sur une affiche du DP, il y a deux semaines, le 25 septembre dernier.

Dans leur prise de position de mardi, les associations de défense de la mémoire voient leur « crainte relative à la persistance de manifestations antisémites confirmée » et alertent sur une nouvelle « stigmatisation de la communauté juive» observée avec une « fréquence inquiétante dans de nombreux pays ». Les « soussignés » font par ailleurs part de leur « indignation » et lancent un appel pour « ne pas baisser la garde devant ces actes inadmissibles ».

Toutefois, autant cette prise de position louable importe dans le contexte d’un antisémitisme resurgissant un peu partout en Europe, autant la lenteur à réagir des associations de sauvegarde de la mémoire sur la Deuxième Guerre mondiale surprend et inquiète.

Réaction tardive

Contactés par le woxx au lendemain de la découverte du tag antisémite sur une affiche du DP, les  principaux partis politiques avaient unanimement condamné un acte inacceptable. Pourtant, et malgré le fait que l’acte visait une communauté entière, il nous aura fallu une journée entière pour recueillir ces positions.

Il semble donc que le Luxembourg ait encore du pain sur la planche, lorsqu’il s’agit de reconnaître l’existence d’une communauté juive, passée et présente. Autrement dit, lorsqu’il s’agit de donner une réponse prompte et sans invitation à tout acte de haine, en l’occurrence antisémite.

Les excuses et la mémoire sont une chose ; l’engagement clair en faveur d’une vie juive future au Luxembourg en est une autre. Dans le premier cas, on peut très bien se passer de la rencontre avec l’autre. W. G. Sebald a montré tout ce que le devoir de mémoire peut avoir de « moralement abstrait ». Dans le deuxième cas, il s’agit de comprendre que ce qui se fait et se dit dans l’espace public ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd ni d’ailleurs de quelqu’un d’absent. Autrement dit que le discours public est encore trop souvent le discours que la société dominante tient sur elle-même (et à son propre rythme, malheureusement) quand en réalité il doit être le discours de tous ceux qui la composent – ce qui suppose d’être à leur écoute et d’agir en temps utile. Même si mieux vaut tard que jamais…


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