Un jardinier atteint d’un cancer porte plainte contre son employeur et les producteurs de pesticides. Le Luxembourg a son « affaire glyphosate ».
Cancérigène, le glyphosate ? Claude Lammar en est convaincu. L’ancien jardinier a travaillé avec ce pesticide pendant de nombreuses années et est désormais atteint d’un cancer, comme il l’a révélé dans un reportage diffusé sur RTL télé.
Désormais le Luxembourg a son « affaire glyphosate ». Alors qu’une plainte avait été déposée par Lammar contre son employeur et les sociétés produisant le pesticide il y a trois ans, c’est l’« affaire glyphosate » aux États-Unis qui a fait bouger le jardinier au chômage. À San Francisco, un tribunal vient de prononcer un jugement qui oblige Monsanto à payer une indemnité de 289 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer (article du « Guardian »).
Le Fonds Kirchberg coupable ?
Le Fonds Kirchberg, ex-employeur de Lammar, est attaqué en justice sur trois points, selon les déclarations de l’avocat du jardinier : le licenciement suite à la maladie de Lammar, la non-reconnaissance du cancer comme maladie professionnelle et la responsabilité d’avoir « obligé » l’employé à utiliser le pesticide en question.
Le Mouvement écologique a promptement réagi pour réclamer d’urgence « une réduction concrète de l’emploi de pesticides ». Certes, le Luxembourg se serait opposé au glyphosate au niveau européen, mais la transposition du plan d’action pesticides laisserait à désirer. Le Mouvement exige que la « stratégie de sortie » du glyphosate annoncée par le ministre de l’Agriculture Fernand Etgen soit mise en œuvre (Online-woxx : Konsequente Reduktion, auch von Glyphosat). Et qu’on interdise l’emploi de glyphosate sur des surfaces appartenant aux communes, à l’État et à d’autres institutions publiques comme le Fonds Kirchberg.
Le Fonds a son tour a tenu à mettre les pendules à l’heure : par voie de communiqué, il a rappelé que dès 2008 il avait renoncé à toute utilisation d’herbicides. Rappelant que l’employé a travaillé entre 1996 et 2013 (et a donc été exposé pendant une partie seulement de cette période), le fonds ne donne pas plus de détails, mais se contente d’affirmer qu’il conteste « formellement » les accusations dont il fait l’objet.
Indemnité et principe de précaution
La justice luxembourgeoise va-t-elle traiter correctement cette affaire ? Il est en tout cas peu probable que si indemnité il y a, elle atteigne l’ordre de grandeur de celle aux États-Unis. Outre-Atlantique, les fautes se payent cher, ce qui est lié à l’absence du principe de précaution, si cher aux Européen-ne-s. D’ailleurs, une autre cour vient d’interdire à la Californie d’imposer à Monsanto d’imprimer des mises en garde contre les dangers sur les paquets de glyphosate mis en vente (article du « San Francisco Chronicle »).
D’un autre côté, après le débat européen sur l’interdiction du glyphosate, les employeurs qui continuent à y avoir recours risquent de se voir condamner sévèrement en Europe aussi. Mais en ayant abandonné entièrement l’usage de pesticides il y a dix ans, le Fonds Kirchberg se range plutôt parmi les pionniers (alors que certaines administrations communales, les Ponts et Chaussées et les CFL font partie des retardataires). Quant aux producteurs, Monsanto, Bayer, etc., ils continuent à aggraver leur cas en essayant systématiquement de minimiser la dangerosité du glyphosate.