Almanach social 2021 : Quel avenir ?

Cette année, la Caritas a placé l’Almanach sous le signe des espoirs et des opportunités de l’après-crise.

Couverture du Caritas-Sozialalmanach ; photo: Claudine Bosseler, Studio C.

Après la crise de la covid, le monde aura changé : il n’y aura plus le Sozialalmanach annuel de la Caritas ! En effet, l’édition présentée ce mercredi a été annoncée comme la dernière, en relation avec le départ à la retraite de deux chevilles ouvrières du projet, Robert Urbé et Lydie Krecké. Pourtant, le Sozialalmanach 2021 regarde de l’avant, avec son titre : « Sortir de la crise, mais vers où ? » Pour finir en beauté, la Caritas a inclus une préface de Xavier Bettel… et un poème de Bertolt Brecht. Ce ne sont peut-être pas les ingrédients d’un menu trois étoiles, mais cela fait une belle bouillabaisse.

La préface est une sorte de résumé du discours sur l’état de la nation que Bettel n’a pas pu faire au printemps – ce n’est qu’en octobre qu’il en fera un devant la Chambre. Bien terre à terre, le premier ministre rappelle les mesures prises pour préserver l’emploi – une condition nécessaire pour pouvoir remonter la pente après la crise en effet. Quand Bettel assure qu’on sortira « renforcés » de cette crise et tente de justifier l’annulation de la réforme fiscale, il est moins convaincant. Mais il excelle à nouveau quand il évoque le terme de « distanciation sociale » et nous enjoint de la pratiquer sur le seul plan physique, alors qu’il faudra plus que jamais, sur le plan social, « se soucier, s’occuper les uns des autres ».

Alors, cet Almanach 2021, lyrique ou révolutionnaire ? Rappelons que l’un des aspects les plus commentés de la crise a été la capacité des gouvernements à prendre des décisions radicales. Et puisque le fameux TINA (« There is no alternative ») de Margaret Thatcher ne tient plus, les revendications sociales et écologiques devraient avoir le vent en poupe. Et pourtant, l’Almanach peine à relayer cet enthousiasme.

Ainsi, quelles qu’en soient les raisons, les mouvements environnementaux ne sont pas directement représentés parmi les auteur-e-s de l’Almanach, alors que le Mouvement écologique en particulier mène un travail de réflexion intéressant sur l’après-crise. Au moins y a-t-il la contribution de Wolfgang Kessler, auteur allemand écologiste et catho de gauche, intitulée « La pandémie comme réveil ». Kessler estime qu’on ne pourra se permettre de revenir au capitalisme néolibéral et au consumérisme effréné d’avant la crise. Il offre une vision globale d’un changement pour le meilleur – reste juste à décliner cela en processus politiques internationaux et… grand-ducaux.

Visions floues

Kessler se réjouit aussi de la mise en question des marchés et de la réhabilitation de l’État interventionniste. L’experte allemande Beate Blättner, dans un appel à repenser la santé, met en évidence l’ambivalence du renforcement de l’État : celui-ci risque de persister dans la logique de nous protéger contre des menaces, plutôt que de nous soutenir pour atteindre plus de bien-être (voir aussi sur online-woxx: Au-delà de l’almanach Caritas).

Parmi les contributions « luxembourgeoises » de l’Almanach, relevons celle du lobbyiste financier et président du Conseil économique et social Jean-Jacques Rommes : son appel à gérer la Grande Région comme un « espace global », s’il n’est pas nouveau, est peut-être plus pressant que jamais suite à la prise de conscience récente des interdépendances transfrontalières. La contribution des syndicats est bien moins visionnaire : ils expliquent les pour et les contre du télétravail. Quant à la vision écosociale d’un commerce et d’une alimentation plus durable, elle est représentée par deux textes solides, mais qui n’abordent pas les dangers du mot d’ordre de relocalisation dans un contexte de repli sur soi des nations et des blocs (online-woxx : Démondialisation, fausse bonne idée).

En résumé, des initiatives positives, il y en a eu, il y en aura encore, et cela donne du courage. Faut-il en déduire qu’une transformation à la hauteur des enjeux est amorcée ? La réponse est peut-être dans « Nachtlager », le poème de Brecht, glissé à la fin d’une contribution sur la « forteresse Europe » : les petites améliorations sont les bienvenues, mais ne doivent pas occulter la nécessité de changements radicaux.


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