Critiqué par une Biergerinitiativ et le Mouvement écologique, le projet de data center de Google est défendu par le gouvernement et les autorités locales.

Montrer les dents à Google – le Mouvement écologique soutenu par le grand murin. (Wikimedia/Manuel Werner/CC BY-SA 3.0)
Un data center de Google au Luxembourg, est-ce une bonne chose ? Aux yeux d’une partie des gens, c’est la locomotive qui fera décoller l’économie digitale, nouveau créneau du Luxembourg après la sidérurgie et la finance. D’autres y verraient presque un remake de la construction d’une centrale nucléaire à Remerschen – un projet démesuré et désastreux sur le plan environnemental. Et alors que le conseil communal de la commune de Bissen a donné son accord au reclassement des terrains concernés, l’affrontement a repris de plus belle.
Le conseil échevinal, aux mains du CSV, attend des retombées positives pour les recettes communales, et ce n’est pas l’opposition – la liste Är Leit émanant du LSAP – qui le contredira. En effet, c’est son camarade ministre Étienne Schneider qui a fait avancer le dossier, à ses yeux en parfait accord avec la stratégie Rifkin pour mettre en œuvre la troisième révolution industrielle. Ce serait plutôt le parti chrétien-social, qui appelle à la prudence en matière de croissance économique, qui devrait froncer les sourcils face à ce projet gigantesque sur de précieuses terres agricoles – mais un data center de Google et les recettes fiscales afférentes, ça ne se refuse pas.
Un reclassement de terrains contesté
Ou si ? Il y a bien une Biergerinitiativ qui met en question le projet, et dénonce notamment le fait que l’État s’apprêterait à investir de l’argent dans les infrastructures sans aucune clarté sur les recettes fiscales à attendre réellement de l’implantation du data center. Interviewé sur 100,7, le bourgmestre Jos Schummer a affirmé que la Biergerinitiativ était mal informée, tout en concédant que, la population étant sensible aux critiques, il faudrait améliorer la communication sur le projet.
En plus des réticences locales, le Mouvement écologique a fait part de son opposition au reclassement des terrains : sur base des informations disponibles et des nombreux éléments inconnus, ce reclassement serait inopportun. Alors que la surface en question est destinée à un projet précis, les dispositions de Google restent inconnues, avec un impact potentiellement très négatif. Quant à la plus-value qu’a fait miroiter le gouvernement, elle n’est pas démontrée aux yeux du Mouvement. L’ONG critique également le fait que Google serait attiré en premier lieu par une sorte de dumping sur le prix de l’électricité ainsi que sur la fiscalité.

Système de refroidissement de serveur Asperitas AIC24 (Wikimedia/Rolf Brink/CC BY-SA 4.0)
Boirai-je de ton eau ?
En matière d’impact environnemental, le Mouvement s’inquiète de l’artificialisation du sol, de la perte de terres arables, de la consommation d’électricité et de la menace sur certaines espèces, du grand murin (chauve-souris) à la cigogne noire. L’eau pour le refroidissement serait prélevée dans l’Alzette et accessoirement dans le lac de la Haute-Sûre, c’est ce qu’a confirmé Jos Schummer – deux options vivement critiquées par le Mouvement.
Schummer a aussi expliqué que Google préciserait ses intentions lors de la future procédure de plan d’aménagement particulier (PAP). Hélas, d’après le Mouvement écologique, même si les impacts se révélaient alors très négatifs, il serait impossible à ce stade de revenir en arrière et de refuser une implantation à Google.