Variations sur « Vingt mille lieues sous les mers »

« Quelles musiques entend-on lorsqu’on est enfermé dans un sous-marin ? » Quelques mètres sous le niveau de l’esplanade de la Philharmonie, dans la salle de musique de chambre transformée en vaisseau submersible pour l’occasion, Jean-François Zygel a répondu à cette question qu’il avait lui-même posée dans le programme du concert de ce dimanche 13 octobre.

Photos : Philharmonie Luxembourg/Éric Devillet

D’abord au clavier d’un Fender Rhodes, le maestro commence cette étonnante balade sous-marine par des accords aqueux où semble évoluer toute une faune paisible, avant de présenter les personnages du récit de Jules Verne par des thèmes inspirés de leurs caractères, cette fois au piano. Des compositions agrémentées d’improvisations, tant on connaît l’amour de Zygel pour cette discipline. Mais le plus surprenant est à venir : comme en écho aux grandes orgues du « Nautilus », arrive du haut de la salle l’Ensemble de saxophones de Strasbourg, cornaqué par Philippe Geiss. Celui-ci a d’ailleurs animé le début de la représentation d’un solo bien dans le thème, maîtrisant toutes les possibilités de son instrument.

Jean-François Zygel a un penchant certain pour le saxophone et l’utilise volontiers pour rendre un son d’orgue. La musique qu’il déploie avec cet ensemble alsacien à la musicalité impeccable est variée : parfois puissante, comme lorsqu’il s’agit de décrire l’attaque de l’immense octopode ; parfois tendant vers une sorte de new age marin, qui berce certaines et certains au point qu’on repère quelques endormissements dans la salle (surtout des enfants, tout de même !). Pas de doute, c’est une musique des profondeurs que propose l’artiste, qui s’installe même au célesta – troisième clavier de l’après-midi pour lui – et entame une belle lecture musicale.

Malgré l’absence pour raisons de santé du percussionniste Joël Grare, qui aurait certainement ponctué avec bonheur les moments les plus épiques de ce « Vingt mille lieues sous les mers » musical, reste l’impression durable d’avoir passé à la Philharmonie une parenthèse enchantée dans les voyages extraordinaires de Jules Verne. D’avoir plongé un instant sous la surface des choses viles et prosaïques. Comme un réveil, le talentueux Ensemble de saxophones de Strasbourg assure un bis énergique où le public est invité à taper dans les mains. Qu’on était bien, avec Jean-François Zygel, au fond des océans !


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