Après avoir présenté les fournitures d’électricité sélectionnées par Greenpeace et le Mouvement écologique, et avoir analysé leur démarche, voici quelques idées pour aller plus loin.
Recommander tel type d’électricité de tel fournisseur, cela peut contribuer au développement des énergies renouvelables (voir le premier article). L’effet est cependant, pour diverses raisons, plutôt marginal. Cela peut même devenir contre-productif, par exemple si les consommatrices ou consommateurs, fort-e-s de leur bonne conscience, se mettent à négliger les économies d’énergie. Et de toute façon, n’en déplaise aux ONG qui se consacrent à l’exercice des recommandations, les véritables défis sont désormais ailleurs.
Le courant, c’est politique !
Tout d’abord, si l’on veut modifier le mix luxembourgeois, qui contient toujours quelque dix pour cent d’électricité nucléaire et dix autres d’électricité à base de charbon, il faut revenir à la politique. Les ménages luxembourgeois sont tous « branchés sur le vert », parce que tous leurs fournisseurs ont acheté les certificats qu’il faut pour labéliser l’ensemble de l’électricité vendue comme issue de sources renouvelables (voir le deuxième article). C’est au niveau des PME et de l’industrie du grand-duché qu’il faudrait agir, en dénonçant les entreprises qui restent branchées au nucléaire ou au charbon. Ou même en demandant une loi interdisant l’importation de nucléaire, au nom des risques particuliers encourus par le Luxembourg.
Le plus grand défi auquel est confrontée la production d’électricité renouvelable est celui de son intégration dans les réseaux de distribution. D’une part, quand le soleil tape ou que le vent souffle sur une zone, l’injection massive d’électricité peut dépasser les capacités du réseau. D’autre part, cette électricité verte n’est pas forcément produite à l’endroit et surtout au moment où on en aurait besoin. D’où l’intérêt pour des techniques de stockage d’électricité, depuis les piles Tesla jusqu’aux centrales hydroélectriques de pompage comme celle de Vianden. Un défi technique, mais aussi un enjeu de pouvoir économique, car les grands opérateurs ont tendance à toujours chercher des raisons pour ne pas intégrer les énergies renouvelables.
Adieu le consuming, vive le prosuming
Récemment, le « prosuming » a brouillé les cartes – le mot est une contraction des termes anglais pour production et consommation… et est connu au Luxembourg à travers l’étude Rifkin. Le fait de consommer directement ou de stocker localement l’électricité verte produite par les ménages eux-mêmes promet en effet de résoudre en partie le problème de son intégration dans les réseaux (voir « Solarstrom – dank Batterie mehr als nur einspeisen »). Mais cela soulève de nouvelles questions : quels « smart meters » (compteurs intelligents) installer, qui contrôle le « smart grid » (réseau intelligent), et quel tarif appliquer pour quelle transaction ? Des questions auxquelles la réponse ne doit pas être laissée aux marchés et aux consommateur-trice-s, mais à la politique et aux citoyen-ne-s.