Nouveau revirement dans la bataille autour de l’ancien cinéma Ariston à Esch-sur-Alzette : sous certaines conditions, la ville serait d’accord pour que le lieu subsiste et accueille une deuxième scène de théâtre – destinée au jeune public.
« Nous ne voulons toujours pas acheter l’Ariston et nous continuons à nous opposer à ce qu’il soit protégé », a insisté le bourgmestre Georges Mischo lors de la conférence de presse dans le cinéma désaffecté depuis 2015. Il a certes admis que sa coalition avait prévu dans son programme de 2017 de transformer le bâtiment en un centre culturel multidisciplinaire. Mais le collège échevinal n’aurait finalement pas voulu mettre l’argent sur la table après avoir fait ses petits calculs.
Cette position est connue depuis novembre dernier, et elle a fait tache dans la presse et dans les milieux culturels, qui ont assez mal vécu ce lâchage – une pétition déjà lancée par le réalisateur Adolf El Assal avait même refait surface. Mais ce n’est pas la société civile qui a fait bouger le collège échevinal, c’est la lettre de la nouvelle ministre de la Culture Sam Tanson à la commune. Dans celle-ci, Tanson disait son intérêt pour un passage de l’Ariston sous la protection du Service des sites et monuments.
L’Ariston sera porté par plusieurs épaules, ou ne sera pas.
Dans ce cas de figure – qui bloquerait ou du moins impacterait aussi le projet de vente du bâtiment appartenant aux œuvres paroissiales –, le collège échevinal serait prêt à apporter son soutien à un projet alternatif : transformer l’Ariston en une deuxième scène de théâtre pour enfants et adolescent-e-s. Une demande qui émanerait aussi de la nouvelle directrice du Théâtre d’Esch, Carole Lorang, dont c’est le projet d’attirer davantage cette tranche d’âge.
« Mais cela ne se fera pas uniquement par la ville d’Esch », a insisté Pim Knaff. « Il faut que ce projet soit porté par plusieurs épaules. » Parmi les partenaires potentiels, Knaff a identifié le ministère de la Culture, le Service des sites et monuments et Esch 2022. Réfutant au passage l’idée que la ville pourrait d’abord acheter l’immeuble puis discuter avec des partenaires pour les frais d’aménagement de l’ancienne salle de cinéma (déjà rénovée par l’ancien locataire Caramba, qui a cessé de payer le loyer en 2015) et de la salle des fêtes au premier étage.
L’idée – aussi belle soit-elle – tient aussi de la manœuvre politique. Le renvoi de la balle vers le camp politique national risque de mettre dans l’embarras le ministère de la Culture. D’autant plus qu’il est exclu que la capitale européenne de la culture Esch 2022 puisse acquérir l’Ariston : « Ce n’est pas dans notre vocation d’acheter de l’immobilier – nous achetons uniquement du matériel servant à la promotion culturelle. Par contre, nous sommes motivés et prêts à lancer des projets dans cet immeuble, et nous comptons le faire », commente Christian Mosar, le directeur artistique de l’année culturelle, joint par le woxx.
Si le sort de l’Ariston semble momentanément suspendu, rien n’est encore écrit sur son sauvetage – sauf que le collège échevinal pourra s’en laver les mains, au cas où…