La Chine, comme le reste du monde, devrait augmenter ses efforts pour éviter les pires conséquences du changement climatique. Les mécanismes permettant d’en convaincre son gouvernement sont déficients.
Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (acronyme anglais : IPCC) met la Chine au centre du débat, estime un article dans le magazine américain « Science ». En plus de montrer que la Chine serait particulièrement touchée par les conséquences d’un réchauffement plus important, le rapport relancerait le débat sur les engagements de ce pays : « Je pense que la pression augmentera pour que la Chine avance son objectif de neutralité carbone de 2060 à 2050, car c’est ce qui est compatible avec les résultats scientifiques de l’IPCC », estime l’expert étasunien Angel Hsu.
Pourtant, le gouvernement chinois ne se lasse pas de répéter qu’il mène des efforts exemplaires (après des débuts moins glorieux), et il a beau jeu de rappeler les tergiversations étasuniennes durant les présidences Bush et Obama. En juillet, la Chine a lancé son marché du carbone, le plus grand du monde, et qui « fonctionne parfaitement », d’après les annonces officielles. Malgré la construction en cours de nombreuses centrales au charbon, le pays maintient son engagement d’atteindre le maximum de ses émissions de CO2 en 2030 au plus tard et promet que ce sera même un peu plus tôt.
Les grandes capitales occidentales, qui ont pour la plupart trahi leurs engagements passés, ne sont pas en position d’épingler les efforts insuffisants de Pékin. Mais les ONG et les think tanks indépendants sont dans leur rôle quand ils portent un regard critique sur la Chine, tout en tenant compte du droit à un partage équitable des efforts entre pays industrialisés et en développement (voir notre commentaire Avec ou contre la Chine ?). Le site d’information Carbon Brief fait figure de pionnier en consacrant une analyse sans préjugés aux récentes instructions du gouvernement chinois en matière de politique climatique. En décortiquant des expressions codées comme « jouer un seul jeu dans tout le pays » ou « construire avant de détruire », il montre que Pékin veut centraliser et contrôler davantage les politiques climatiques et économiques. Cela pour en augmenter l’efficacité, mais surtout pour éviter les dégâts collatéraux économiques et sociaux d’une réduction effrénée des émissions. Ce qui n’est pas déraisonnable, mais ne signale pas vraiment l’adoption imminente d’objectifs plus ambitieux.
Plus noir que le charbon
Ce centralisme cache cependant une face plus noire que le charbon qui continuera à être électrifié. En effet, si les élites politiques et universitaires chinoises sont impliquées dans le processus d’élaboration de la politique climatique, la grande absente est la société civile. Dans un contexte de persécution de toute forme d’activisme, qu’il soit LGBTIQ, féministe ou environnemental, dire publiquement que les objectifs climatiques chinois sont insuffisants est dangereux. Le « Guardian » décrit la situation : « un manque de conscience de la crise climatique au sein de la population, dû au musellement des activistes, à la censure en ligne et au peu d’intérêt de la part des médias et du système éducatif ». Des circonstances peu favorables au grand effort collectif qu’est la transition verte.