Pour le gouvernement, le Luxembourg serait à la hauteur du défi climatique grâce à la loi adoptée il y a deux semaines. Les ONG de la plateforme Votum Klima voient les choses différemment.
Ce n’est qu’indirectement que Votum Klima fait référence à l’accord de Paris dans son communiqué consacré à la nouvelle loi climat (en allemand). Le 9 décembre, quelques jours avant l’anniversaire de l’accord, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE ou UNEP) a publié un rapport sur « le fossé de l’action climatique » (Emissions Gap Report). De ce rapport, Votum Klima retient le constat que les efforts des pays sont largement insuffisants pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré, comme le demande l’accord de Paris. Et de regretter que la Chambre ait prématurément adopté le 8 décembre une loi climat qui ne tient pas entièrement compte de cette évaluation scientifique.
Votum Klima, une plateforme d’ONG écologistes, tiers-mondistes et actives dans le domaine social, rappelle que la nouvelle loi climat avait été célébrée pour ses objectifs de réduction de CO2 ambitieux à l’horizon 2030. Mais : « Dans ce nouveau contexte se pose la question de savoir si la limite inférieure de cette réduction [55 %] n’est pas un peu juste, et si les instruments retenus seront suffisants. » Votum Klima renvoie à l’Union européenne, qui vient de relever son objectif de 40 à 55 % et conclut : « Pour le Luxembourg, le moment serait donc venu de retravailler la loi climat plutôt que de l’adopter. »
Un objectif pionnier de réduction de CO2
La plateforme relève d’autres points faibles de la loi : ainsi, les objectifs par secteur ne sont actuellement pas encore connus et seront inscrits dans des règlements grand-ducaux (woxx 1610 : Unrealistische Realpolitik). « Quelles seront la validité et la force de ces objectifs, s’ils ne sont pas ancrés dans la loi même ? », s’interroge Votum Klima. Et de revendiquer un cadre plus contraignant ainsi que des études prévisionnelles sur l’effet des mesures prises. « Comme pour la Task Force Covid-19, mais de façon plus transparente, un groupe d’experts indépendant devrait évaluer le bilan des émissions à un rythme mensuel et, le cas échéant, revoir les mesures. »
On peut trouver que Votum Klima se montre trop sévère avec le gouvernement. D’une part, parce qu’un « Observatoire de la politique climatique » est bien prévu dans la nouvelle loi, avec mission d’« évaluer scientifiquement les mesures réalisées ou envisagées » et même d’en proposer des nouvelles. Il est vrai qu’il n’est prévu qu’un rapport annuel – impossible pour le moment de juger de l’efficacité de cet organe.
L’objectif et les mesures ne suffiront plus
D’autre part, l’amélioration des objectifs de l’UE, donnée comme exemple par Votum Klima, est du même ordre de grandeur que celle votée par la Chambre : en effet, dans le cadre de l’ancien objectif européen de 40 %, l’objectif national était précisément à 40 % aussi (avec un mode de calcul différent). Le Luxembourg, comme d’autres États ces deux dernières années, avait joué un rôle de pionnier en annonçant vouloir aller au-delà de ses obligations. Le problème est plutôt que l’objectif de 55 % au niveau européen est insuffisant ; les calculs de la contribution équitable à apporter donnent au moins 65 %. C’est pour cette raison que le Luxembourg, comme l’UE, devra revoir sa copie.
En considérant tout cela, Votum Klima a raison de mettre en garde contre les insuffisances de la loi climat. « Le temps presse », conclut le communiqué et rappelle les nombreuses promesses et paroles sans suites concrètes. « C’est le moment de passer du combat contre les symptômes à la mise en place de solutions qui sont efficaces et vont au fond des choses. »
Lien vers nos articles dans le contexte du 5e anniversaire de l’accord de Paris.